Tissue of thoughts
I am sewing, assembling my memories of Russia, overexposed by time. I knit my lighting strikes, my absurd or down moments in a canvas of stiches and patches. I fill the emptiness of this vast land, I fill the holes of my memory with wooly snow and sew this textile poem in the blanket in which I wrap myself and lie down.
Elle est déroutante, Marie. Légère, presque aérienne – et à la fois perçante. Elle apparaît et disparaît, elle ressent les lieux et les êtres et prend ce qu’ils veulent bien lui donner, ce qui l’intéresse et résonne en elle. Elle n’explique pas grand-chose, Marie, et, pour tout dire, elle n’en a pas plus envie que ça. En revanche, elle rend. Elle digère et recrache toutes ces impressions, ces présences qui la marquent. De plusieurs années de vie et de voyages en Russie, dans la solitude d’une langue étrangère, Marie rapporte la série Tissue of thoughts. Ce pays des extrêmes et des contrastes, si rétif à se laisser photographier, saisir, Marie l’appréhende de façon toute personnelle, intime – probablement la seule qui vaille. Avec tendresse, humour, fidélité, justesse. Ses photos recousues rendent toute leur poésie aux zones de marge et d’abandon – en ville ou en brousse. Ses fils de couleur écrivent à ces images-souvenirs un passé et un futur, les lient entre elles, leur insufflent du mouvement. Et les dédramatisent, tout comme la surexposition, qui estompe toutes les tragédies – à la façon d’un lendemain matin.
Tissu de pensées et brins de folie, coups de foudre et coups de mou, tissu d’horreurs, de joies… tout à la fois. JULIA BREEN